Education. A Rouen, la rentrée se fait sans recteur après l'éviction de Nicole Ménager. Recteur de Caen, et «super recteur» normand, Denis Rolland,attendrait sa nomination.



C'est du jamais vu dans l'académie de Rouen et sans doute dans le monde de l'éducation en France. La rentrée scolaire 2017-2018 se fait sans recteur dans l'Eure et la Seine-Maritime après le départ de Nicole Ménager. Une éviction sans ménagement pour cette rectrice et qui aura tenu un peu moins de deux ans à  ce premier poste : un coup de fil du cabinet du ministre le lundi 3 juillet lui annonçant son départ et lui interdisant de se rendre à  une réunion deux jours plus tard, la confirmation au conseil des ministres le mercredi 5 juillet et un mail d'adieu à  ses collaborateurs et partenaires le jeudi.

Une expérimentation

Docteur en linguistique générale, Nicole Ménager est retournée à  l'université de Rennes, son poste précédent. Aucun motif n'a été officiellement donné sur les raisons de son départ. En « off », il se murmure que l'ancien maire du Havre, Édouard Philippe, ne l'appréciait guère, ainsi que l'ancien président du conseil départemental de l'Eure, Sébastien Lecornu avec lequel elle s'était affrontée autour de l'annonce de la fermeture de collèges. Le premier est devenu... Premier ministre ; le second secrétaire d'État d'un gouvernement à  la couleur politique bien différente du précédent.

Hier matin, lors d'une conférence de presse sur la rentrée scolaire au Rectorat de Rouen la question a été posée. « Nous attendons une nomination... » a soufflé Mostefa Fliou, le secrétaire général et plus haute autorité de l'Académie. Il a rappelé qu'en « l'état actuel, les deux académies existent (N.D.L.R. : depuis le décret de 2015 sur la fusion des régions) avec une région académique. La nouvelle politique ministérielle tend vers une coopération de plus en plus renforcée sur des sujets que le ministre nous indiquera... » Et de citer en exemples, deux services communs aux académies mis en place depuis la fusion : le service interacadémique à  l'enseignement supérieur et la délégation interacadémique à  la formation professionnelle et continue.

Mais ce que ne dit pas le secrétaire général de l'académie de Rouen, c'est que le ministère veut aller plus loin et tenter une première expérience en Normandie avec un seul recteur pour deux académies. Le sujet a été évoqué lors d'une réunion nationale des recteurs il y a quelques semaines en présence du ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, puis confirmé au niveau académique à  Rouen lors de la réunion de rentrée des chefs d'établissements en début de semaine. Et hier, une nouvelle rencontre a eu lieu à  Paris au ministère avec les syndicats. €œ Nous rentrons dans une expérimentation - un recteur pour deux académies - qui sera suivie par l'Inspection générale et le conseil d'Etat. Selon les conclusions, il pourrait y avoir une généralisation à  la France entière€, a-t-on appris dans la soirée de sources syndicales.

La nomination de Denis Rolland, aujourd'hui recteur de l'académie de Caen, « super recteur » de la région académique Normandie et chancelier des universités, ne fait plus aucun doute.

Des inquiétudes

Cette annonce - une première en France - va faire du bruit. Tant chez les enseignants que les personnels administratifs ou les parents d'élèves.

« C'est inédit, c'est étrange », commentait hier Thierry Patinaux, secrétaire régional SE-Unsa lors d'un point presse. « On ne peut que se diriger vers une fusion mais beaucoup de questions sont sans réponses alors que le ministre Blanquer est omniprésent et multiplie les annonces... Un recteur doit être présent à  tous les comités académiques, comment va-t-il multiplier par deux sa présence ? Ce sera qui l'interlocuteur ? » s'interroge-t-il. « Il y a deux ans l'académie était déjà  prête à  fusionner mais cela ne s'est pas fait. On sait que les choses vont bouger mais nous n'avions pas besoin de cela, l'académie de Rouen n'est pas scolairement brillante. Et puis, si fusion il y a, il faudra anticiper. Le rectorat à  Caen c'est 200 personnes, mais la masse administrative est à  Rouen avec 450 agents. C'est la méthode qui inquiète. »

Alain LEMARCHAND

source : http://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/education/les-academies-de-caen-et-rouen-dirigees-par-un-seul-et-unique-recteur-KC10749425